Ce, et celui qui bloque Chebeya

Publié le par Willy Ngoie

Chebeya-affiche-film.jpgDeux ans après l' assassinat de Floriber Chebeya, les accusations sont renouvelées à l' encontre du chef de la police, le général John Numbi. Mais les indignations et protestations se limitent à en réclamer la comparution devant les tribunaux. Cela éloigne des réalités.

Lorsque Floribert Chebeya s' était rendu au quartier général de la police de Kinshasa, c' était pour répondre à une invitation de John Numbi. Le dossier judiciaire est bâti autour de l' absence de rencontre. Mais des collaborateurs directs de l' officier ont été reconnus coupables d' assassinats et condamnés à mort. Lorsque des bavures ou des crimes sont commis dans une organisation, un office, l' honorabilité du chef est directement entachée. A fortiori lorsqu' on a affaire à un corps qui repose sur l' obéissance aux supérieurs et qui a pour mission le maintien de l' ordre et la protection des personnes et des biens. Dès lors, la faute de John Numbi n' est pas dans l' organisation ou la complicité de l' assassinat. Il y a une grave faute professionnelle provenant de la conduite criminelle de ses assistants directs et du blâme infligé à la haute direction de la Police dont les locaux ont servi pour perpétrer un crime odieux.

On ne peut pas imaginer ni supporter que la Police Nationale Congolaise soit davantage dirigée par une personne qui s' est entouré de membres de sa tribu et qui a choisi personnellement des criminels. Le respect et la confiance dans cette institution ont été ébranlés. Et, en pareil cas, le supérieur hiérarchique démissionne eou est obligé de démissionner.

C' est ici que se pose le véritable problème du dossier Chebeya. Le général Numbi a nié sa participation au crime. En ce moment, la République démocratique du Congo recherche toujours la Réforme des Services de Sécurité. La Police est au nombre. L' honneur de la police, et son image sont essentiels. Mais, bien au contraire, le chef de la Police n' a ni désapprouvé ses collaborateurs en se joignant à l' accusation, ni manifesté de sens de l' honneur, en démissionnant.On ne doit surtout as oublier que le Congo compte 65 millions d' habitants et des milliers de personnalités valables et sans doute plus compétentes pour diriger la Police Nationale. Le sort du pays n' est pas lié à l' individu John Numbi.

C' est ici qu' on chemine au coeur de l' affaire Chebeya. Le Chef de l' Etat avait réagi aux soupçons pesant sur John Numbi, en le suspendant de ses fonctions. Depuis, ses fonctions sont assumées, par intérim, par le général Charles Bisenimana. Mais cela dure depuis près de deux ans. Et depuis plus de vingt mois, la Police Nationale n' a pas de chef en exercice. Une suspension ne peut pas durer aussi longtemps. Cela est contraire à tous les principes de gestion administrative. Cela montre qu' il y a des places et des postes réservés. La question n' est pas uniquement celle de l' impunité de Numbi, mais de la privatisation de hautes fonctions qui sont réservées à certains individus.

Le film de Thierry Michel sur l' affaire Chebeya a été interdit de projection au Congo, parce qu' il contiendrait des propos désobligeants pour le Chef de l' Etat. On a dit cela, alors que personne n' avait impliqué le Président de la République. En fait, l' affiche du film met au premier plan la tête de John Numbi et c' est lui qui est soupçonné et qui continue de l' être. Le Chef de l' Etat qui réserve le poste de Numbi à la tête de la Police, viendrait à son secours pour que le général ne soit pas éclaboussé.

L' anniversaire de l' assassinat de Chebeya devrait régler le sort de John Numbi. La Justice a tout son temps. Mais les valeurs de la République ne peuvent attendre. La suspension de fonctions doit prendre fin par la nomination d' un nouveau responsable de la Police. Réserver un fauteuil public à un individu est déjà une faute politique; mais lorsque l' individu éclabousse l' honneur des fonctions publiques en ne démissionnant pas, cela nourrir des soupçons d' un crime d' Etat et de complicité.

On doit surtout dénoncer et mettre fin à la prééminence et des relations personnelles dans les affaires publiques.

Willy Ngoie
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article