Amnisties: les coupables de la réconciliation introuvable

Publié le par Willy Ngoie

La parlement congolais se réunit en session extraordinaire sur le budget de l’ année et, surtout, amnistier les gens du M23. La presse rapporte que pour  le président du Sénat, Léon Kengo, la loi d’amnistie doit s’appliquer à tous les groupes concernés par les faits insurrectionnels. Il a ainsi cité, à titre d’exemple, les adeptes du mouvement Bundu-dia-Kongo dans la province du Bas-Congo, les Enyélés dans celle de l’Equateur, et les ex-soldats de Jean-Pierre Bemba actuellement en détention. Le souhait est de voir la cohésion nationale se manifester dans tous les actes en vue d’apaiser lesesprits des uns et des autres.
 
Combien de fois devra-t-on parler de cohésion nationale? La question a surgi à la suite des affinités de Laurent désiré Kabila avec le Rwanda qui l’ a installé à la tête du pays et dont il a voulu se libérer par une guerre qui se poursuit à ce jour.
 
Il avait été question de cohésion nationale au Dialogue Intercongolais de Sun City qui avait fixé 5 objectifs pour la période de transition. A l’ issue de cette période, tout devait rentrer dans l’ ordre d’ une manière définitive.  A savoir:
1. la réunification, la pacification, la reconstruction du pays, la restauration de l’intégrité territoriale et le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ;
2. la réconciliation nationale ;
3. la formation d’une armée nationale, restructurée et intégrée ;
4. l’organisation d’élections libres et transparentes à tous les niveaux, permettant la mise en place d’un régime constitutionnel démocratique.
5. La mise en place des structures devant aboutir à un nouvel ordre politique.
 
On rentrait dans une vie politique apaisée. Sans Mobutu et sans groupes armés soutenus de l’ extérieur. Désormais, la bataille se ferait et se gagnerait par les urnes. Et pour bien faire, on avait pris successivement deux lois d’ amnistie en 2003 et 2005 pour laver les rebelles de tous bords, y compris les Kabila eux-mêmes, puisqu’ elle s’ appliquait aux crimes politiques et d’opinion et aux insurrections armées qui ont ensanglanté le pays  depuis 1996.
 
Tous les acteurs politiques devaient faire aboutir ce programme, à commencer par le Chef de l’ Etat d’ alors qui s’ est succédé à lui-même. Mais dès le lendemain de l’ élection présidentielle de 2006, l’ Est s’ enflamma et ce fut la rébellion du CNDP de Laurent Nkunda. Cette insurrection prit fin avec l’ invitation des troupes rwandaises à opérer au Congo en janvier 2009. Le président de l’ assemblée nationale , Vital Kamerhe s’ insurgea; il fut écarté. Le 23 mars, le gouvernement signait un accord avec le CNDP. Le point 3.1. disait que “pour faciliter la réconciliation nationale, le gouvernementferait voter une loi d’ amnistie au plus tard dans les 45 jours. Le parlement et le chef de l’ Etat se sont exécutés dans les délais.
 
On peut s’ arrêter un moment pour des remarques. Tout d’ abord, la loi du 7 mai 2009 fait jouer l’ amnistie à partir de 2003; ceci signifie que cette frange de nationaux n’ avait pas été concernée par la période de 2003 à 2009. Dans l’ euphorie qui a suivi l’ éviction de Vital Kamerhe, on cacha qu’ il s’ agissait d’ exécuter les fameux accords du 23 mars. Les textes prétendent que l’ amnistie faisait suite à une Conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces assises auraient recommandé une amnistie pour faits de guerres et insurrectionnels dans le but de mettre fin à la guerre, à l'insécurité et de sceller la réconciliation entre les filles et fils de ces deux provinces.
 
Comme on le sait, les fameux accords du 23 mars 2009 ont donné lieu à la rébellion du M23. A Kampala, on a convenu d’ amnistier une nouvelle fois. Le projet de loi fait remonter l’ amnistie à l’ année 2009. L' opposition s' engouffre dans la brèche pour proposer des hommes politiques.  On trompe une nouvelle fois la population; on parle de Concertations Nationales et de réconciliation nationale. Les disciples de Kigali auront agi impunément de 1996 à ce jour.
 
Cette période correspond exactement aux législatures des Kabila Laurent-Désire et Joseph. En administrant à nouveau la panacée de l' amnistie, le pouvoir reconnait par là qu' il a été incapable de réaliser la réconciliation nationale. de là dire que ce sont les Kabila qui seraient les empêcheurs de danser en rond, il n' y a qu' un pas.
Willy K.
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